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Publié le par Service Familles

Jean Paul II "Christifideles Laïci "1988
3. Des situations nouvelles, dans l'Eglise comme dans le monde, dans les réalités sociales, économiques, politiques et culturelles, exigent aujourd'hui, de façon toute particulière, l'action des fidèles laïcs. S'il a toujours été inadmissible de s'en désintéresser, présentement c'est plus répréhensible que jamais. Il n'est permis à personne de rester à ne rien faire.
34. A tous les hommes d'aujourd'hui, je répète, une fois encore, le cri passionné par lequel j'ai ouvert mon service pastoral: «N'ayez pas peur, ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ! A sa puissance salvatrice, ouvrez les frontières des Etats, les systèmes économiques comme les systèmes politiques, les vastes domaines de la culture, de la civilisation, du développement. N'ayez pas peur! Le Christ sait "ce qu'il y a dans l'homme"…
Destinataires et participants de la vie politique
42. La charité qui aime et qui sert la personne ne doit pas se séparer de la justice: l'une et l'autre, chacune à sa manière, exigent la reconnaissance totale et effective des droits de la personne, à laquelle est ordonnée la société avec toutes ses structures et ses institutions(149). Pour une animation chrétienne de l'ordre temporel, dans le sens que nous avons dit, qui est celui de servir la personne et la société, les fidèles laïcs ne peuvent absolument pas renoncer à la participation à la «politique»,à savoir à l'action multiforme, économique, sociale, législative, administrative, culturelle, qui a pour but de promouvoir, organiquement et par les institutions, le bien commun. Les Pères du Synode l'ont affirmé à plusieurs reprises: tous et chacun ont le droit et le devoir de participer à la politique; cette participation peut prendre une grande diversité et complémentarité de formes, de niveaux, de tâches et de responsabilités…
La parole du Concile Vatican II est des plus significatives: «L'Eglise tient en grande considération et estime l'activité de ceux qui se consacrent au bien de la chose publique et en assument les charges pour le service de tous»(150).
Une politique pour la personne et pour la société trouve son critère fondamental dans la poursuite du bien commun, en tant que bien de tous les hommes et bien de tout homme, bien offert et garanti à l'accueil libre et responsable des personnes, individuellement ou en association...
Au surplus, une politique pour la personne et pour la société prend comme orientation constante la défense et la promotion de la justice, comprise comme une «vertu» à laquelle il faut former tout le monde, et comme une «force» morale qui soutient ceux qui s'efforcent de favoriser les droits et les devoirs de tous et de chacun sur la base de la dignité personnelle de l'être humain.
L'exercice du pouvoir politique doit se baser sur l'esprit de service qui, joint à la compétence et à l'efficacité nécessaires, est indispensable pour rendre «transparente» et «propre» l'activité des hommes politiques, comme du reste le peuple l'exige fort justement. Cela requiert la lutte ouverte et la victoire contre certaines tentations, comme le recours à des manoeuvres déloyales, au mensonge, le détournement des fonds publics au profit de quelques-uns ou à des fins de «clientélisme», l'usage de procédés équivoques et illicites pour conquérir, maintenir et élargir le pouvoir à tout prix.
Les fidèles laïcs engagés dans la politique doivent sans le moindre doute respecter l'autonomie des réalités terrestres, à comprendre dans le sens où la définit la Constitution Gaudium et spes: «... Il est d'une haute importance que l'on ait une vue juste des rapports entre la communauté politique et l'Eglise; et que l'on distingue nettement entre les actions que les fidèles, isolément ou en groupe, posent en leur nom propre comme citoyens, guidés par leur conscience chrétienne, et les actions qu'ils mènent au nom de l'Eglise, en union avec leurs pasteurs. L'Eglise, qui, en raison de sa charge et de sa compétence, ne se confond d'aucune manière avec la communauté politique et n'est liée à aucun système politique, est à la fois le signe et la sauvegarde du caractère transcendant de la personne humaine»(152). En même temps _ et ceci est ressenti comme une urgence et une responsabilité _ les fidèles laïcs doivent porter témoignage des valeurs humaines et évangéliques qui sont intimement liées avec l'activité politique elle-même, comme la liberté et la justice, la solidarité, le dévouement fidèle et désintéressé au bien de tous, le style de vie simple, l'amour préférentiel pour les pauvres et les plus petits. ..
Le style et le moyen pour réaliser une politique qui veuille viser un véritable développement humain, c'est la solidarité… Comme je l'ai écrit dans l'Encyclique Sollicitudo rei socialis, la solidarité «n'est pas un sentiment de vague compassion ou d'attendrissement superficiel devant les maux de tant de personnes, proches ou lointaines.
Tout au contraire, c'est la détermination ferme et persévérante d'un engagement pour le bien commun, en d'autres termes pour le bien de tous et de chacun, afin que tous nous soyons vraiment responsables de tous»
Le fruit de l'activité politique solidaire, si désiré de tous, mais jusqu'ici toujours loin de son point de maturité, c'est la paix. Les fidèles laïcs ne peuvent rester indifférents, étrangers ou paresseux devant tout ce qui est négation et compromission de la paix: violence et guerre, torture et terrorisme, camps de concentration, militarisation de la politique, course aux armements, menace nucléaire. Au contraire, en tant que disciples de Jésus-Christ, «Prince de la paix» (Is 9, 5) et «notre Paix» (Ep 2, 14), les fidèles laïcs doivent assumer la tâche d'être des «artisans de paix» (Mt 5, 9), autant par la conversion du coeur que par l'action en faveur de la vérité, de la liberté, de la justice et de la charité, qui sont les fondements inaliénables de la paix…
Situer l'homme au centre de la vie économico-sociale
43. …Parmi les point forts de la doctrine sociale de l'Eglise se trouve le principe de la destination universelle des biens: les biens de la terre sont, dans le dessein de Dieu, offerts à tous les hommes et à chaque homme comme un moyen pour le développement d'une vie authentiquement humaine. Au service de cette destination, se place la propriété privéequi, précisément à cette fin, possède une fonction sociale intrinsèque. Concrètement, le travail de l'homme et de la femme représente l'instrument le plus commun et le plus immédiat du développement de la vie économique, instrument qui constitue à la fois un droit et un devoir pour chaque personne humaine.
Tout cela rentre de façon particulière dans la mission des fidèles laïcs. La fin et le critère de leur présence et de leur action sont formulés en termes généraux par le Concile Vatican II: «Dans la vie économico-sociale aussi, il faut honorer et promouvoir la dignité de la personne humaine, sa vocation intégrale et le bien de toute la société. C'est l'homme en effet qui est l'auteur, le centre et le but de toute la vie économico-sociale».
Dans le contexte des transformations qui se produisent dans le monde du travail et de l'économie et le bouleversent, que les fidèles laïcs soient parmi les premiers à s'employer à la solution des problèmes très graves du chômage croissant, qu'ils luttent pour venir à bout des nombreuses injustices qui découlent d'organisations incorrectes du travail, qu'ils s'efforcent de faire du lieu de travail un lieu où vit une communauté de personnes respectées dans leur particularité et dans leur droit à la participation, qu'ils tâchent de développer de nouvelles solidarités entre ceux qui participent au travail commun, de susciter de nouvelles formes d'entreprises et de provoquer une révision des systèmes de commerce, de finance et d'échanges technologiques…
… En rapport avec la vie économico-sociale et le travail, aujourd'hui se pose, et de façon toujours plus aiguë, la question dite de «l'écologie».Assurément, l'homme a reçu de Dieu la tâche de «dominer» les choses créées et de «cultiver le jardin» du monde; mais cette tâche, l'homme doit s'en acquitter dans le respect de l'image divine qu'il a reçue, et donc avec intelligence et amour: il doit se sentir responsable des dons que Dieu lui a prodigués et lui prodigue sans cesse. L'homme dispose d'un don qui doit passer _ si possible, amélioré _ aux générations futures, qui sont, elles aussi, les destinataires des dons du Seigneur: «La domination accordée par le Créateur à l'homme ... n'est pas un pouvoir absolu, et l'on ne peut parler de liberté "d'user et d'abuser", ou de disposer des choses comme on l'entend. La limitation imposée symboliquement par l'interdiction de "manger le fruit de l'arbre" (cf. Gn 2, 16-17), montre avec suffisamment de clarté que, dans le cadre de la nature visible, ... nous sommes soumis à des lois non seulement biologiques mais aussi morales, que l'on ne peut transgresser impunément. Une juste conception du développement ne peut faire abstraction de ces considérations _ relatives à l'usage des éléments de la nature, au renouvellement des ressources et aux conséquences d'une industrialisation désordonnée _; elles proposent encore une fois à notre conscience la dimension morale qui doit marquer le développement».

Publié dans articles sur le fond

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